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absurdes, plus on court après. Un certain Italien qui sut se procurer la protection des premiers personnages, fit courir tout le monde à ce qu’il appelait ses exhibitions littéraires, où il lisait, avec l’accent milanais, des tragédies de Corneille et des comédies de Molière. Il avait fait un petit compliment italien, où le nom seul était à changer suivant le pays, où il se trouvait ; en voici le sens : « Amans insensés, pourquoi portez-vous toujours votre encens à Paphos, Vénus n’y est plus ? elle a fixé son séjour parmi les aimables Écossaises ». Après avoir lu cela, parbleu ! me dis-je, j’en suis charmé, je compte passer quelque temps à Édimbourg, ce serait une assez bonne fortune que de rencontrer la belle déesse sur mon chemin.

Quoique l’Angleterre et l’Écosse soient réunies depuis bien des années, et ne forment qu’une nation, cependant les habitans se rappellent encore qu’ils ont été séparés, et ont les uns contre les autres des préjugés également faux, du moins aux yeux d’un étranger ; mais qu’on est tout aussi mal venu à faire voir dans un pays que dans l’autre. Les deux nations se joignent à présent dans les idées bizarres qu’elles se sont formées des Français. J’ai entendu une jeune personne, dire à sa mère en parlant de moi : « Oh ! maman, il n’est certainement point Français, for he is fat and not black, (car il est gras et point noir).