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différence de lieu pour y faire le service divin : j’ai vu le cirque où Astley faisait ses tours de force avec ses chevaux et ses paillasses, changé le dimanche en une église (quoique cela sentît un peu le crottin) ; toutes les loges étaient remplies de monde, et le ministre prêchait de dessus le trou du souffleur. Comme tout passe et tout change ! il y a vingt ans que le peuple d’Édimbourg brûla la comédie comme l’œuvre du diable, et il y va à présent, assister au souper du seigneur, recevoir la communion ! encore vingt ans, et peut-être on jouera la comédie dans les églises.

D’après les principes reçus dans le pays, cela pouvait paraître ordinaire et simple, mais comme rien ne répugnerait plus à un autre culte, il doit naturellement paraître fort extraordinaire à un étranger de voir au-dessus de la porte qui conduit au sermon, entry to the stables, (entrée de l’écurie).

Parmi les différentes sectes du presbytérianisme, j’ai entendu parler d’une (dont j’ai oublié le nom) qui dédaignant le sombre de cette religion, prétendait qu’on ne saurait honorer Dieu que par la gaieté : elle chantait les pseaumes sur le ton le plus gai, et pour antienne éclatait de rire fort sérieusement.

Il arrive souvent que des personnes qui ne sont point dans les ordres prêchent en public ; on peut entendre des marins dans la chaire, parlant continuellement du feu d’enfer, et j’ai vu