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« J’en conviens, dit le laird en se pâmant d’aise,
Cours donc vîte au logis, pour manger à ton aise. »
« Pas de ça, dit Sawney, il est par trop mal-sain
D’être deux nuits de suite, à gober le serein[1] ».


Je ne me flatte pas d’avoir bien rendu l’originalité des expressions de la pièce écossaise ; elle m’a semblé contenir une peinture assez exacte des manières des montagnards : c’est ce qui m’a engagé à l’offrir au public.

Le bon sens des paysans écossais, paraît souvent dans les conversations les plus ordinaires. Pendant que la révolte des matelots était dans sa force, je me rappelle avoir entendu des bateliers, avoir entre eux ce dialogue assez original. « Weel man, dit l’un, j’se warrand ye mony a ane’ll swing for this. » — « But deer man, it’s no that, they want, they’re only seeking bread and drinck. » — « Well a weel, Hangy will gie

  1. Voici l’explication de quelques mots écossais que j’ai cru devoir employer, et que l’on pourrait peut-être ne pas comprendre.
    Sawney, diminutif d’Alexandre, nom très-commun en Écosse ; les grampians, chaîne de montagnes ; laird, répond à-peu-près à seigneur ou maître ; la terre des biscuits, the land of cakes, l’Écosse ; des godres, sorte de gruau usité en Franche-Comté, par allusion au porridge, à la bouillie d’avoine, dont les Écossais font usage ; whisky, eau-de-vie de grain ; auld-ricky, (la vieille enfumée) Édimbourg, c’est son nom d’amitié ; le plaid et le philibeg, habillemens des montagnards écossais. Voyez la note p. 145.