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« Volontiers, » dit le laird, et partant dès le soir,
Sawney s’imagina, comme il faisait très-noir,
Que son cher maître avait fait pacte avec le diable.
En quelques lieux qu’il fût, rien lui sembla si bon,
Si joli, que sa femme, et sa propre maison.
Il s’étonnait beaucoup et ne pouvait comprendre
Comment des gens, sachant bien compter sur leurs doigts ;
Dans leurs étroits foyers ne gardaient que la cendre,
Et laissaient la fumée échapper par les toits.
Quand il eût gagné Rome, il crut, avoir perdu la tête
Car de l’apocalypse, il n’y vit pas la bête.
Il sortit seul un jour, et fut de grand matin
Courir par-tout, cherchant, l’hôtel de la p....n
Dite de Babylone. Il perdit son chemin
En courant, et croyant, qu’on entendait à Rome,
Le langage d’Écosse, il s’en enquit aux gens.
Mais hélas ! les signors, se rirent du pauvre homme
Et près de lui bientôt vinrent tous les passans.
Chacun le regardait des pieds jusqu’à la tête,
Riait sur son jargon et sur ses vêtemens.
Sawney leur remontra que c’était malhonnête ;
Mais ils n’en tinrent compte. Alors bientôt piqué
Sawney les envoya de bien bon cœur au diable :
Et de son philibeg, comme on s’était moqué,
Il le prit des deux mains, et d’un ton effroyable,
Montrant aux yeux de tous, ce qu’il devrait cacher,
Baisez mon c..l, dit-il, damnés chiens de papistes.
La nuit vint, et Sawney bientôt las de marcher,
Se couvrant de son plaid, alla droit se coucher
Sur une borne, près de certains Jansénistes.
Le hasard au matin, le fit se diriger,
De vers saint Pierre, noble et brillante structure.
Quoique peu connaisseur en belle architecture,