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Laissait couler sa vie. Il croyait que la terre,
Ne pouvait pas offrir un pays plus charmant ;
De chez lui, le travail éloignait la misère,
Et sa femme, et son fils, le rendaient très-content.
Sawney dans son jeune âge, avait appris à lire ;
Il savait le plein chant, passablement écrire,
Et même, assure-t-on, il avait le bonheur,
De pouvoir réciter tous les pseaumes par cœur.
Pour son instruction, le seigneur du village
Songeant en Italie à faire un grand voyage,
Crut ne pouvoir jamais faire un choix plus prudent,
Et lui fit proposer une somme assez ronde
Pour le suivre par-tout, comme son confident.
« Mon cher laird, dit Sawney, puisque à courir le monde
Vous v’là ben résolu, je suis aussi d’avis,
Par l’amour seulement qu’à votre nom je porte,
De quitter pour un peu la terre des biscuits ;
Avant tout cependant, nous devons faire en sorte
Sur les conditions d’être de bon accord.
À not’ femme Cateau, je voulons tout d’abord,
Que moitié de l’argent, soit escompté d’avance :
Afin d’être certain, que pendant not’ absence,
Not’ dame et not’ garçon, fassent bonne pitance :
Plus, j’entendons par jour faire nos trois repas.
Des godres au matin, à dîner de la viande
Et la galette au soir : quoiq’ je n’en parle pas,
J’espérons que not’ laird dans son amitié grande
Nous donnera par fois, et tabac, et whisky.
Je ne voulons jamais dépouiller le plaidy.
Plus ; en cas de besoin, j’entends tout à mon aise
Jouer, pour m’amuser, de la violle écossaise.
Sine qua non, je reste, et ne veux jamais voir
La fumée et le roc d’Auld-Riky l’admirable ».