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s’entendre, m’a-t-on dit, avec assez de peine ; mais ceux de l’Irlande et des montagnes d’Écosse ne peuvent pas les comprendre.

Ayant prié dans une maison aisée des montagnes, que l’on voulût bien chanter une chanson gaellique afin de pouvoir m’en faire une idée, la dame de la maison engagea un jeune homme à me satisfaire, et sur un ton des plus mélancoliques, il chanta une chanson assez longue, dont voici le dernier couplet.


Ge do leibhin dhuibh gach cruaigh-chas,
Fhuair mi on a bha mi ’m phaiste ;
Air leam fhein nach ’eil ni’s truaighe,
Na gaol a thoirt is fuadh ga phaigh.


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J’ai bravé les dangers, j’ai vu de près la mort,
J’ai connu tous les maux, que peut donner le sort ;
Mais rien ne m’a jamais causé si grande peine,
Que de voir mon amour repayé par la haine.


Les montagnes de l’Écosse quoique très-agrestes, et très-misérables, sont l’asile d’un peuple fidèle, brave, intelligent et industrieux ; accoutumé au besoin dès son enfance, le montagnard sait le supporter sans se plaindre. Il a pour son pays un amour sans bornes, ou plutôt pour les parens qu’il y a laissés, et qu’il trouve moyen de soulager, souvent même, sur les épargnes qu’il peut faire sur sa paye de soldat, qu’un Anglais