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les montagnes. J’étais si fatigué et si ennuyé de la pluie continuelle : mes habits aussi, étaient dans un tel état de délabrement, que je crus plus à propos de retourner sur-le-champ, dans les pays habités ; mais voulant achever de parcourir les montagnes qui s’approchent de Stirling, je quittai cette belle vallée de Strath-Earn, dont j’avais déjà vu une partie en allant à Crief ; je me dirigeai du côté de Callender, à travers ce Sherry-Muir si fameux dans nombre de chansons écossaises, qui célèbrent maintes batailles qui s’y sont données.

Je quittai donc tout-à-fait les mosses éternelles du Black-Mount. Sur les bords d’un joli lac, qui forme un coude au milieu des montagnes, qui le couronnent, je rencontrai une noce, précédée d’une musette et d’un violon. Aussitôt je me crus transporté dans mon pays : c’est ainsi que nos bons paysans de Bretagne, conduisaient la mariée à l’église et la ramenaient chez ses parens. Poussé par un instinct de curiosité et de plaisir, je me mêlai à la bande joyeuse, un paysan me présenta un ruban, et je tâchai de faire connaître, que je prenais part à leur joie, en regardant leurs danses, et mêlant ma voix à leurs chansons d’allégresse. Dans les pays peu fréquentés, on trouve généralement l’homme bon, humain et hospitalier, lorsque des motifs de haine ou de vengeance ne l’animent pas. Mon habillement