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concevait pas comment on pouvait vivre tout un hiver dans des maisons, où la fumée s’échappait par en haut. Telle est la force de l’habitude, que ces bonnes gens accoutumées au désagrément de la fumée, ne pensent qu’à la chaleur qu’elle leur procure ; en effet, elle est si épaisse, qu’ils en sont enveloppés comme d’un manteau.

L’aspect du Black-Mount (Mont-Noir), que je traversai ce jour-là, est un des plus horribles que j’aye vus ; dans un espace de près de trente milles, on ne trouve d’autres maisons que celles que le roi a fait bâtir pour servir d’auberges ; on voit un très-petit nombre de huttes, au milieu de la tourbe qui couvre presque tout le pays ; les pauvres habitans ne vivent que de laitage et de pommes de terre ; depuis quelques années cependant, on y élève des milliers de moutons qui paissent à l’aventure. Le chasseur y rencontre quelques daims et beaucoup d’oiseaux, comme les moor-fowls, ptarmegan, etc. On prétend que ce pays était autrefois couvert de bois, mais que pour en chasser les voleurs qui les habitaient, on y a mis le feu ; dans les ouvertures que l’eau s’est pratiquées dans la tourbe, on aperçoit encore des racines et de gros morceaux de bouleau ou birchtree, couverts de leur peau. Cet arbre est très-commun en Écosse, et croît par-tout dans les endroits protégés du vent de mer.

Dans quelques parties de l’Écosse j’ai vu faire