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Ce pays est très-pauvre, mais la hauteur des montagnes et la multitude des lacs qui le coupent et le diversifient aussi bien que l’habillement, le langage et les manières des habitans, le rendent assez intéressant à parcourir. À la lumière de la yallack, c’est-à-dire de la lune, j’arrivai fort tard, et très-fatigué au Fort Augustus, où mon premier soin fut de me reposer, remettant au lendemain les informations sur le pays. Trente-quatre milles de marche dans un jour, et un dîner de noisettes, n’inspirent guères d’autres désirs de voir, ou de connaître autre chose que son lit.

Le Fort Augustus est une espèce de château ou de caserne retranchée. Le gouvernement y entretient quelques troupes, et un état-major. Il est peu fort, et incapable de résister à une armée régulière, qui, il est vrai, ne s’aventurera jamais au milieu de ces montagnes, à moins qu’elle ne soit amie des habitans. Il est situé au fond, et à l’ouest du lac Ness, qui a vingt-quatre milles de long, sur trois ou quatre de large.

On m’a assuré que ce lac a presque par-tout, de 50 à 60 toises de profondeur. Il a cela de particulier c’est qu’il ne gèle jamais, même dans les hivers les plus rigoureux, non plus que la rivière qui en sort. Quelques personnes attribuent cela à son fond, qui, dit-on, est sulphureux. Je crois difficile d’en donner la vraie raison ; celle-ci