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d’une ancienne abbaye, à laquelle, pour l’agrément de sa situation, on a donné le nom français de Beaulieu. Le pays depuis Banff jusqu’ici, à quelques morceaux près, est généralement fort bon ; celui que je vais parcourir n’y ressemble guères : mais ses lacs et ses montagnes lui donnent un autre genre de beauté, peut-être plus remarquable.

Suivant pendant neuf milles les bords variés de la rivière Ness, j’arrivai sur ceux du lac de même nom. Les hautes montagnes qui l’entourent, sont pour la plupart très-escarpées, et paraissent souvent avoir été coupées à pic, à une hauteur prodigieuse pour faire place au lac. La végétation semble assez animée sur les bords, dans les endroits où les montagnes ne présentent pas une pente si rude. On y voit plusieurs petits bois, mais plus communément une pelouse unie et verte. Le pays est peu habité, on n’y aperçoit que quelques huttes de paysans à des distances prodigieuses les unes des autres ; les habitans d’Inverness m’ayant beaucoup effrayé sur l’état du pays, j’avais porté un peu de pain avec moi, et en passant par un bois de noisetiers dont les arbres étaient couverts de fruits, je m’arrêtai et mêlant le whisky à l’eau limpide des sources qui sont très-communes dans cette partie, je fis un frugal repas qui me sembla exquis.

Quelques milles plus loin je fus voir la chûte