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fut totalement décidée en 1745. Il est à deux milles du château, sur une hauteur marécageuse et couverte de bruyère, où l’on parvient par un bois assez considérable le long du côteau. Les endroits où on a enterré les morts sont parfaitement distincts ; il y pousse de l’herbe, et partout ailleurs il n’y en a point. En remuant la terre avec mon bâton dans les endroits où il y avait de la verdure, je touchai les corps, et j’amenai plusieurs grands ossemens qu’après les avoir considérés quelque temps avec une attention mélancolique, j’ai respectueusement rendus à la terre.

Le champ de bataille, est à trois ou quatre milles du château de Stwart, qui fut le berceau des princes de cette maison. Ainsi l’on peut dire avec raison, que la même terre les a vu naître et mourir. Les habitans en parlent sans amertume, et si je l’osais dire (quoiqu’à présent très-attachés à la maison régnante) avec une espèce de regret. On reproche au Prétendant d’avoir livré bataille pouvant l’éviter, et attendant du Caithness des secours considérables, qui devaient arriver trois jours après. Parlant à un vieux paysan, qui avait l’apparence martiale, et quelques balafres : « N’avez-vous pas été soldat ? » lui dis-je ; soldat, répondit-il, je ne l’ai jamais été que pour le prince Charles.

Beaucoup de batailles ont été plus sanglantes ; il n’y a pas eu en tout cinq mille hommes de