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les Danois, en 1008 ; une pierre haute de vingt-cinq pieds, couverte de quelques figures grossières d’hommes nuds, armés de massues, poursuivant des lions qui fuient, est le trophée qui fut élevé par les vainqueurs, et qui fixent encore l’attention[1]. La campagne aux environs de ce monument est dans le meilleur état ; elle était alors couverte d’une abondante récolte. Les moissonneurs se livraient à la joie ! En tout pays, le pauvre se réjouit plus à la vue de l’abondance, dont il n’a que la peine, que le propriétaire qui en jouit.

Forès est une très-petite ville : à quelques milles de là est situé le vieux château du comte de Murray : j’y allai pour voir la grande salle gothique. Ce fut un cuisinier français qui me la montra ; après avoir fait quelque chemin avec moi, me prenant peut-être pour un député de la propagande, il se démasqua et me débita avec une vélocité vraiment jacobine, que le roi était un despote, les nobles des tyrans, et toutes les autres fadaises, que le peuple répète sans trop savoir ce qu’il dit. Je le priai fort honnêtement de se mêler de ses sauces.

En me rendant à Nairn par une route de traverse, je me reposai près d’une maison ; une jeune personne, qui attendait son frère, se présenta,

  1. Les armes du Dannemark sont trois lions.