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De quelles fureurs ont dû être animés les peuples de ces pays, dans leurs guerres civiles et religieuses ! Je ne suis plus surpris qu’il reste encore un peu d’enthousiasme, dont la durée peut à la vérité être aussi attribuée à l’incroyable mélange de sectes, et aux troubles qui ont agité ce pays, lors de l’expédition du prince Charles, en 1745.

C’était le moment de la récolte, la campagne était animée ; j’aperçus une danse, cela me donna envie de connaître quels étaient les reels écossais, dont j’avais tant entendu parler ; j’en avais bien vu, mais c’était parmi des gens riches dans un bal. Ici c’était la simple nature, je fus surpris de la vivacité des pas ; ils n’étaient pas élégans, mais ces bonnes gens semblaient avoir bien du plaisir ; ils se tournaient et se retournaient, faisaient des sauts, poussaient des cris de joie ; il y avait particulièrement quelques montagnards dont la joie excessive dérangeait souvent le philibeg, mais personne n’y prenait garde. — L’usage fait tout.

Après cette petite récréation, je continuai ma route plus lestement ; je vis à quatre milles de Forès, le camp retranché des Danois de Brughs-head (cap de Brugh), sur un roc escarpé qui s’avance dans la mer ; il a encore des restes de fortifications très-visibles ; il est entièrement isolé. À un mille de là, est le champ de bataille où le roi d’Écosse remporta une victoire décisive sur