Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’auberge, afin de jouir de la vue de celui qui l’avait prescrite ; elles m’auraient vraisemblablement, volontiers engagé à ordonner la même chose à leurs maris. Mais moi que la médecine fatiguait déjà, craignant d’avoir à faire avec la faculté, je payai promptement, et m’en fus par les derrières.

Je n’eus pas fait trois milles que passant près d’une ferme isolée, je trouvai mon homme et sa femme en sentinelle sur le pas de la porte ; du plus loin qu’ils me virent ils coururent à moi, la femme sur-tout me fit mille caresses, elle m’engagea à entrer dans la maison, où je fus régalé de petit lait, de cakes, de pommes de terre, enfin de tout ce qu’ils avaient. Une jeune fille de seize à dix-sept ans, assez gentille, me servit tout cela, avec la meilleure grâce possible. Pour la récompenser de son attention, j’engageai le papa à la marier promptement, par ordonnance du médecin. On me fit encore différentes consultations pour les enfans ; j’ordonnai qu’on eût soin de les tenir proprement autant que possible, et de ne point les laisser boire de whisky, que ces bonnes gens regardent comme le remède à tous maux ; ils en font avaler une grande cuillerée à l’enfant nouveau né, pour lui donner des forces, et l’empêcher de crier pendant qu’on le baptise. Il est surprenant de voir comme les enfans sont enclins à boire de ces liqueurs fortes, qui