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on peut se promener assez long-temps dans ces sombres demeures. L’on y montre des prisons horribles, qui peuvent donner une juste idée du black-hole (trou noir) de Calcutta, où soixante prisonniers Anglais furent étouffés. Dans quelques-unes, on ne pouvait descendre que par une trappe, et l’air n’y pouvait arriver que par un trou quarré de six pouces de diamètre, pratiqué dans l’épaisseur du mur, et dont l’ouverture était trente pieds au-dessus, de sorte que la plus faible lumière n’y pouvait pénétrer.

On y voit aussi une voûte très-longue où l’air n’entrait que par un trou rond, semblable à celui d’une meurtrière ; l’homme qui me conduisait, m’a dit que la tradition rapportait, qu’on y avait enfermé jusqu’à cent cinquante malheureux, qui y étaient péris pour la plupart.

J’y ai vu les restes d’un bâtiment assez semblable à quelques-uns en Suisse ; la cheminée est bâtie en cône et occupe tout l’espace, le foyer est placé au milieu, sans autre jour, que l’ouverture par laquelle la fumée s’échappe, à la hauteur de trente pieds à-peu-près. En Suisse les murailles sont tapissées jusqu’au sommet, de langues, de jambons et de saucissons. J’ai tout lieu de croire que l’on avait le même usage ici. Le donjon paraît plus ancien que le reste ; on y voit trois voûtes, les unes sur les autres, et le sommet de la tour domine le reste du château