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une danse favorite qui leur est particulière, et que souvent, l’air qui en charme les habitans n’ait pas le moindre agrément pour un étranger. Nous avions nos danses en Bretagne : quelques personnes de ce pays, dont je conserve toujours un souvenir agréable, avaient eu la bonté d’en apprendre l’air. Il me faisait grand plaisir, et les autres paraissaient l’écouter aussi froidement, que moi le reel écossais.

Au surplus, on boit sec dans ce bon pays ; j’ai plusieurs fois assisté à des libations assez copieuses ; mais sur-tout, je n’oublierai jamais le Lisbonne blanc d’un certain docteur, qui à force de charger le verre de toasts royalistes, auxquels je ne pouvais me dispenser de faire raison, me fit monter tant de loyauté à la tête, que la muraille n’était pas de trop pour retourner à mon auberge.

À trois milles au nord de la ville on rencontre un beau pont, qui traverse une vallée et une rivière assez large, près de son embouchure. On y lit une longue inscription, haute de huit à neuf pieds, placée sur le garde fou : — « Traveller, pass safe and free upon this bridge[1], — qui fut bâti sur ce dangereux torrent, et apprends que tu en es redevable aux générosités de Mr. un tel qui paya tant, un tel tant, etc. » De

  1. Voyageur, passe sûrement et librement sur ce pont.