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couvent de Bénédictins ; car ces mêmes Écossais, qui semblent si bonnes gens à présent, ont, dans le temps, fait aller gaiement l’ouvrage du Seigneur, comme on disait alors : ils ont détruit de fond en comble à la réformation, presque toutes les anciennes églises, et ont ainsi renversé, pour satisfaire un zèle assez peu sensé, des monumens qui faisaient honneur à leur pays, et dont la perte ne se pourra jamais réparer.

D’Aberbrothick, je fus présenter une lettre à un fermier de ce pays. Il était catholique, et j’avoue que j’en fus bien aise, afin de connaître si leurs manières avaient quelque chose de différent des autres, mais elles me parurent être les mêmes.

Montrose est une petite ville, mais elle a un bon port, et est assez bien bâtie. On voit vis-à-vis un pont de bois, séparé dans le milieu par une petite île ; ce pont a coûté plus de quinze mille livres sterlings, et l’on a enfoncé les piles dans un endroit où il y avait plus de trente pieds d’eau : c’est un bel ouvrage, qui l’eût pourtant été infiniment davantage, si au lieu de le faire en bois, on l’eût bâti en pierre ; mais il eût coûté plus que le double de la somme ; probablement ce sera pour la race future. Le propriétaire de l’île espère pouvoir y bâtir un nouveau quartier ; ce serait convenable pour les marchands, dont les vaisseaux pourraient venir à leur porte.