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quelques milliers d’années, si on la dérange encore, on pourra y trouver les ossemens d’un soldat qui mourut là, et sur le corps de qui, ses camarades poussèrent la pierre.

Ce pays-ci est très-peu connu chez l’étranger ; on nous le peint comme misérable, manquant de beauté, presque barbare : les Anglais même n’en parlent guères autrement, et voilà pourtant le fruit des préjugés qui éloignent les nations les unes des autres. Le fait est, que les grands lacs et les hautes montagnes d’Écosse, offrent des points de vue qui ne peuvent être égalés que par ceux de la Suisse ; que dans les vallées, où la terre est en valeur, l’art du fermier est poussé aussi loin, que même en Angleterre. Les idées contraires qui pouvaient être justes il y a cent ans, quoiqu’à présent absolument fausses, sont tellement enracinées, que je les ai souvent entendu énoncer même à des gens du pays, qui cependant ont un grand amour pour leur patrie, mais qui ne réfléchissent pas aux changemens prodigieux que l’industrie y a faits.

La montagne au sud de laquelle est situé Crief, est entièrement isolée et séparée des autres ; elle est très-élevée et forme une masse, que l’on ne peut s’imaginer être seule, qu’en en faisant le tour. En regardant à l’ouest, un peu plus haut que la ville, dans un endroit où la vallée s’ouvre, on a une vue surprenante de pics et de sommets de