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commun, et il y a peu de personnes qui parlent gaelic ; ce n’est qu’à une vingtaine de milles plus loin, que l’on se trouve réellement dans les montagnes, ou du moins parmi les vrais montagnards.

Suivant le cours du Forth, le long de quatre ou cinq lacs qu’il traverse, à travers un pays assez sauvage et très-peu habité, j’arrivai au pied de Ben-Lomond, que je distinguai aisément des autres montagnes par l’élévation de sa cime. Il a plus de trois mille pieds de haut, et est presque entièrement couvert de tourbe, du moins par le côté que j’ai gravi ; c’était avec une peine incroyable que je pouvais avancer ; j’enfonçais presque à chaque pas jusqu’à la ceinture, et j’avais beaucoup de peine à me tirer de la place où j’étais tombé ; j’étais pourtant arrivé près du sommet, et je commençais à être dédommagé de la fatigue de quatre heures de marche, par une vue très-étendue, lorsqu’un nuage épais est venu fondre sur moi ; je me vis environné de ténèbres, et ne savais plus où diriger mes pas.

Dans cette extrémité, j’aperçus un mouton, qui effrayé de l’orage, se glissait avec peine sous une grosse pierre. Instruit par son exemple, j’eus la cruauté de le chasser de sa retraite, et ayant réussi à m’y loger, je tirai mes provisions de ma poche, et j’attendis en patience l’orage, qui ne tarda pas à tomber avec la dernière violence. Combien de grâces je rendis à la providence de