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sorte de pain, et j’en ai mangé si souvent, que je m’y suis accoutumé, et suis loin de le trouver mauvais.

Ces bonnes gens sont extrêmement hospitaliers, et reçoivent avec complaisance, l’étranger qui les visite, sans paraître aussi surpris de le voir, que l’on pourrait se l’imaginer d’après le pays. Deux ou trois fois j’ai eu occasion d’entrer chez eux, pour éviter la pluie, ou pour me reposer, ou même par curiosité, pour causer avec eux, et voir leurs établissemens. Sans me faire d’impertinentes questions, on me proposait de m’asseoir autour du feu, on m’apportait du petit lait, qui est la seule boisson dont ils fassent usage, avec quelque peu de leurs cakes, des pommes de terre, ce qu’ils avaient enfin, et en me retirant, c’était toujours avec beaucoup de peine que je parvenais à leur faire accepter quelque chose. Dans tout pays, le pauvre est toujours bien plus prêt à faire part de son nécessaire, que le riche de son superflu.

Les mœurs des gens de ce pays sont en tout, semblables à celles des autres montagnards d’Écosse ; cependant le philibeg[1] n’est pas si

  1. Le philibeg est le court jupon que portent les hommes dans les montagnes d’Écosse ; il ne descend pas tout-à-fait jusqu’au genou : il est de la même étoffe que le plaid, qui est le manteau. Tous les deux sont bariolés de plusieurs couleurs et semblent des rubans cousus ensemble.