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idée de la manière dont les Indiens vivent en Amérique. Les habitans de ces montagnes, qui en général ne produisent presque rien, vivent dans des huttes fort basses, et couvertes de terre ; les hommes sont d’un côté, et les bestiaux de l’autre : le feu est au milieu de la cabane, sur la terre, et appuyé contre une pierre : la fumée s’échappe par un trou fait au toit et par la porte, car quand il y a des fenêtres, elles ne s’ouvrent jamais ; tous leurs meubles sont couverts d’une suie épaisse et reluisante. Il est inconcevable que les bestiaux puissent s’accoutumer à être ainsi jambonnés (pour ainsi dire) tout vivans ; quant aux hommes, ils y semblent très-habitués, quoique l’étranger qui n’y est pas fait, soit suffoqué, et après une ou deux minutes soit presque aveuglé, et pleure abondamment. Ils sont assis sur des siéges fort bas, afin, à ce que j’imagine, d’éviter d’avoir la tête dans le plus épais de la fumée, qui s’élève toujours, et enfin ils ne brûlent guères que de la tourbe, dont l’odeur semblerait devoir encore augmenter leur malaise. Ils vivent absolument de laitage, de pommes de terre, et de quelque peu d’un pain d’avoine, qu’ils appellent cakes (gâteaux ou galettes), faits en galette, rond, épais d’une ligne, sec, et où le son est entièrement. J’ai eu depuis occasion de voir que cela n’était pas particulier aux montagnards, tous les Écossais en général, font usage de cette