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les ans a ploughing match, (une course de charrue), c’est-à-dire, qu’ils choisissent un champ sur lequel ils font venir tous les laboureurs du canton, avec leurs charrues qui sont souvent ornées de rubans aussi bien que le cheval. On les met en ligne, et on les fait partir tous à-la-fois : celui dont le sillon est le mieux fini et le plus droit, au jugement des autres laboureurs et des propriétaires, reçoit un prix de quelque valeur, et est sûr de ne jamais manquer de place. On se fait aisément une idée de l’émulation que cette cérémonie a jetée parmi les habitans de la campagne, et des bons effets qu’elle doit produire ; aussi je n’ai point vu de champs mieux cultivés et plus fertiles.

Qu’on s’imagine d’après cela, comment dut être reçu certain riche Anglais, qui, il y a quelques années, voulant profiter de sa jeunesse pour voir le monde, y parut tout-à-coup suivi d’un chariot bien cadenassé et rempli de viandes salées, de pain, de vin et de légumes de toutes espèces. Il croyait vraiment que ses victuailles allaient lui donner une réputation et qu’il pourrait régaler les malheureux Anglais que la nécessité obligeait de vivre sur ces parages maudits. Il fut tout étonné de voir, que non-seulement, on ne fit pas d’usage de ses provisions, mais qu’encore on se moqua de lui. On m’a assuré que dans sa rage, il tourna bride sur-le-champ, et s’en