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du nord depuis le huitième jusqu’au dixième siècle, me semble neuve ; quoique je sois bien loin de prétendre que la défaite et l’émigration d’une horde barbare ayent causé toutes ces guerres ; toujours me semble-t-il certain, que ces peuples prirent les armes à leur instigation, d’abord pour la remettre en possession de son pays, et qu’ensuite il est vraisemblable que leur ambition s’étant accrue avec leurs succès, ils étendirent leur conquête plus loin.

Ainsi qu’on le peut voir, les émigrations sont de vieille date ; je ne sais qui, fait émigrer des Tyriens sur les côtes d’Afrique, où ils bâtissent Carthage : ces Carthaginois ensuite font émigrer des Espagnols en Irlande, ils émigrent ensuite en Calédonie ou Écosse, y forment un peuple, en font émigrer les anciens habitans qui vont porter la fureur d’émigrer en Dannemark et en Norvège, puis bientôt les gens de ce pays font émigrer les Bretons dans l’Armorique (autrefois la Bretagne). — Ainsi d’émigration en émigration est venue la nôtre, qui, j’imagine, en doit dégoûter pour jamais.

Huit à dix jours d’un repos, bien agréable après mes fatigues, m’ayant complettement remis, je continuai ma route et passai à Queensferry, ce même Forth qui a coûté tant de peine et de sang aux Romains. Pour moi, il ne m’en a coûté que deux sous.