Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

princes et les ministres anglais à ne pas l’épargner sur leurs tables, afin d’avoir des imitateurs. Un roi, ou un ministre qui ne boirait que de l’eau, aurait bientôt ruiné l’état. Ces messieurs savent fort bien cela, et leur patriotisme dans ce genre est vraiment remarquable et digne d’éloge.

Quant à l’habillement, autant vaudrait proposer au têtu John Bull de changer de peau, que la forme de ses habits, par autre règle que son caprice ; il est vrai que l’on peut aisément guider son caprice, mais il ne faudrait pas lui dire qu’on veut le faire.

Le peuple à qui, pour ainsi dire, on a mâché tout ce qu’il avait à faire, est souple, poli, courtisan, embrasseur, jaloux, plutôt avare que généreux, sans grand vice ni grande vertu, comme l’homme de Prométhée avant qu’il ne lui eût soufflé le feu du ciel. Qu’on examine celui-ci, on lui verra sans contredit de grands défauts, mais aussi des qualités brillantes. S’agit-il de venir au secours de l’état, tout le monde, sans avoir recours aux réquisitions forcées, est prêt, non seulement de sa personne, mais aussi de sa fortune. Combien de simples particuliers n’ont-ils pas donné au gouvernement la moitié de leurs revenus, montans à des sommes considérables, de dix à douze mille livres sterlings par an, tant que durera la guerre.

On trouvera l’Anglais fort peu complimenteur