Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nécessaires à l’état ; mais malheureusement elles produisent souvent un mauvais effet sur les sujets, en les accoutumant à chercher des prétextes pour éluder les loix afin de satisfaire leurs goûts particuliers. Il arrive aussi, que peu-à-peu l’esprit s’habituant à attacher une importance réelle à ces vétilles, il se rappetisse, se concentre en lui-même, et l’on finit par croire avoir toujours bien fait dès lors qu’on a économisé.

Dans un pays aussi riche que la Grande Bretagne, de telles ordonnances ne sauraient avoir lieu sans de grands inconvéniens. Toutes les classes prennent une telle quantité de thé, que pour fournir à ce besoin imaginaire, on pourrait croire qu’une grande partie du produit du royaume y est employé ; le parlement cependant, ne défend pas au peuple de boire du thé, parce qu’il sent bien que l’on chercherait à éluder la défense et qu’elle serait presque inutile, mais il fait tourner au profit de l’état, cette fantaisie des peuples, en faisant payer de gros droits à cette denrée. Il fait de même pour tous les objets qui viennent de l’étranger ; une bouteille de vin de bordeaux, par exemple, est taxée trois ou quatre fois autant que sa valeur ; en boit qui veut, ou qui peut ; mais tout homme qui le fait, enrichit l’état.

Cette persuasion, sans doute, beaucoup plus que leur goût particulier, est ce qui engage les