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est à-peu-près indifférent, de quelle espèce de personnes les députés au parlement soient composés, pourvu qu’ils soient de riches propriétaires : qu’ils vendent ou qu’ils achettent leurs places, cela ne fait rien, la morale en souffre sans doute, mais la sûreté de l’état ne peut être compromise, parce qu’ils sont intéressés à sa fortune.

Le seul mal que cela fasse au pays, c’est d’y répandre un esprit de corruption, qui s’étend rapidement sur toutes les classes ; en outre des divisions sans fin que les élections jettent parmi les prétendans : elles sont telles que même après plusieurs années, il arrive souvent qu’ils ne veulent pas se voir, et qu’ils refuseraient d’accepter les services les uns des autres.

Les Anglais à tout prendre sont d’assez bonnes gens et très-industrieux, leurs négocians entendent mieux le commerce peut-être que ceux d’aucune nation ; jamais le commerçant n’a dit en Angleterre : c’est assez — jouissons.

Dans le fait, ce n’est que lorsque le négociant a amassé une grande fortune qu’il peut faire des spéculations considérables et utiles à l’état. Le petit marchand qui souvent ne pense qu’à se procurer le nécessaire, ne peut qu’avoir des vues bornées : si après avoir acquis quelque richesse, il quitte le commerce, un novice lui succède avec les vues bornées, qu’il avait lui-même en commençant, et l’état ne profite en aucune manière,