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des combattans vint tout échevelée réclamer son fils. Elle se jeta dans la mêlée, et voulait l’emmener malgré lui ; ses camarades s’y opposèrent ; je trouvai cela si dur pour la pauvre mère, que j’entrepris de l’aider à le retirer, mais on me fit entendre assez clairement, que, si je ne me retirais, les combattans et les spectateurs allaient me tomber dessus ; voyant la mère se mettre à l’écart, je crus plus prudent d’en faire autant. Les pauvres enfans recommencèrent la bataille, et ne la finirent qu’après s’être poché les yeux et le nez d’une manière cruelle ; après quoi, l’un d’eux s’avoua vaincu, prit sa chemise, s’habilla, et ensuite au milieu de l’assistance, les deux champions ensanglantés s’embrassèrent, et vidèrent le champ de bataille.

C’était le moment des élections au parlement, et l’un des prétendans qui venaient d’être élus, donnait le soir un grand bal aux votans du comté. Les freeholders trouvèrent que son vin était assez bon.

On m’a assuré que les prétendans à l’élection, jettèrent dans cette occasion plus de cent mille livres sterlings dans la circulation, ce qui certainement est très-avantageux au commerce. La constitution britannique est élevée sur de telles bases, que je ne crois pas que les choses allassent beaucoup mieux, quand les places du parlement ne seraient données qu’au seul mérite. Il