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on le fait marcher au soleil avec quatre ou cinq vestes de flanelle, en un mot on le fait suer, jusqu’à ce qu’il soit diminué et venu au poids requis. Si dans l’intervalle des races et du pari un cheval venait à mourir, ou à se blesser, son maître serait obligé de payer le pari entièrement, et l’homme le plus honnête ne ferait point de façon pour le prendre, ou pour tâcher d’évader. Ainsi que le fit ce parieur, dont le cheval s’était cassé la jambe : il s’en fut trouver son adversaire, et lui conta que son cheval étant tombé malade, il demandait à défaire le pari et à en payer la moitié, à quoi l’autre consentit volontiers, sur quoi le premier dit, I am very well of, I thinck, for my horse has broken his leg, et le second répondit : I am much better of, I thinck, for my horse is dead[1].

Après une sévère journée de trente milles, j’arrivai fort tard et bien fatigué à Berwick. Cependant en traversant le long pont qui joint l’Écosse à l’Angleterre, l’idée de voir un nouveau pays, de nouvelles mœurs, une autre religion, et d’autres manières, me fit presque oublier ma fatigue, je passai la porte qui est au milieu avec un certain plaisir. Le lendemain, je pris des

  1. « Je me suis assez bien tiré d’affaire, à ce que je présume, car mon cheval s’est cassé la jambe. — Je me suis encore mieux tiré d’affaire, je pense, car mon cheval est mort. »