Serait-il de la mort le funeste présage ?
Quoi ! la mort viendrait m’enlever à mon âge !
À ma porte bien vite a frappé le malheur !
L’existence, pour moi, fut lourde et bien amère ;
Et jamais, dans ma vie, une douce chimère
N’a consolé mon cœur.
Dès quinze ans, je connus les chagrins de la vie ;
La coupe des douleurs bientôt me fut servie :
Goutte à goutte, il fallut m’abreuver de ce fiel,
Pour augmenter l’horreur et doubler le supplice,
Le sort, en m’apportant cet infernal calice,
L’y couronna de miel.
Ami, te souviens-tu de notre heureuse enfance ?
De nos beaux jours passés au sein de l’innocence ?
Tout joyeux, nous voguions sur un océan pur ;
Poussés par les zéphyrs, nous fesions le voyage,
Tous deux, tranquillement, sans redouter l’orage,
Le ciel était d’azur.
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