grâce d’ailleurs à une concentration puissante de
l’attention et de la volonté, ait eu lieu par une
journée de soleil ou par un jour de pluie ? Les
noms que Beethoven a donnés à deux de ses
symphonies, alors que toutes les autres ne sont
désignées que par le numéro d’ordre ou la tonalité,
n’offrent pas du tout une clé explicative
de la musique : ce sont allusions aux circonstances
subjectives de l’invention, quelque chose
comme l’indication du lieu et de la date de composition
d’un poème, renseignement sympathique
aux amis de ce poème, mais, après tout,
inutile, si du moins le poème est suffisamment
intéressant et beau par lui-même.
L’idée musicale est, par rapport à l’émotion ardente et fluide, à la vague activité psychique qui en précède l’avènement, ce qu’est la « forme d’Aristote par rapport à la « matière», ce qu’est le fruit mûr à la végétation sourde de l’arbre. Une fois apparue, elle se développe, conformément aux lois de la composition, à l’aide de toutes les ressources de la technique, par un