avait dit son dernier mot, épuisé son pouvoir,
et que Beethoven, par l’introduction du chœur
dans sa dernière symphonie, avait voulu précisément
proclamer cette fin de règne. Une telle
opinion avait pour effet de rejeter à un rang fort
secondaire les grands compositeurs instrumentaux
contemporains de Wagner (Mendelssohn,
Schumann, Chopin) ; elle expliquait, à l’avantage
de Wagner, que, seul de tous les grands
compositeurs de musique, il ne se fût jamais
essayé dans la musique instrumentale pure,
abstention dont une critique hardie surprendrait
peut-être la cause dans une certaine impuissance
à construire. Enfin Wagner se trouvait
haussé à un degré au-dessus de Beethoven
sur l’échelle du progrès musical.
Et que nous dit Beethoven lui-même, continue Nietzsche, en introduisant ce chant choral par un récitatif : « Ah ! mes amis ! pas ces accents ! mais de plus agréables et de plus joyeux » ! Plus agréables et plus joyeux ! Pour cela il avait besoin du son persuasif de la voix humaine, pour cela il avait besoin du rythme innocent du chant populaire. Ce n’est pas au