leurs états affectifs. La puissance de la musique,
lointaine et hors de portée, s’adresse, chez eux, à un
monde intermédiaire qui leur donne comme un avant
goût, une prénotion symbolique de la musique proprement
dite, et ce monde est celui des sentiments…
Mais à tous ceux sur qui la musique n’a prise que par
le moyen des sentiments, il faut dire qu’ils demeureront
toujours dans le parvis et n’auront pas accès
au sanctuaire de la musique, puisque celui-ci, comme
je le disais, ne peut être manifesté, mais seulement
symbolisé par le sentiment[1].
Et éclairant par la même théorie qui lui sert à distinguer entre les émotions musicales de l’auditeur sentimental et celles de l’auditeur artiste le phénomène de l’invention musicale chez le compositeur inspiré :
Lorsque le musicien, dit-il, compose un lied, ce ne sont ni les images ni les sentiments exprimés dans le texte qui l’inspirent comme musicien : mais une inspiration musicale venue de tout autres sphères choisit ce texte comme propre à l’exprimer symboliquement elle-même. D’une relation nécessaire entre le poème et la musique il ne peut donc être question : les deux mondes du son et de l’image mis ici en con-
- ↑ T. IX, p. 218.