la musique sont-elles criantes de fausseté. La
musique intensifie, prolonge, épand, soulève
l’émotion, mais sous la condition d’une certaine
indétermination, d’un certain vague de l’objet
de celle-ci. Serait-ce que Schopenhauer sous-entend
que l’indéterminé, l’infini a seul une vertu
esthétique ? Cette barbarie contre laquelle proteste
toute la gloire de l’art classique et qui
ferait de la « perfection » une petitesse, est le
postulat secret de cet argument de sa théorie.
2. — Il est très certain que la musique évoque dans l’esprit de beaucoup d’auditeurs un monde flottant de sentiments et d’images. Mais cet effet se produit-il chez tous les auditeurs ? Du moins s’y produit-il avec la même luxuriance ? Et cette productivité vaine de l’imagination sous l’influence de la musique ne diminuerait-elle pas précisément, à mesure que s’accroît la sensibilité à la musique elle-même, aux beautés spécifiques de la mélodie, de l’harmonie et du rythme ? Sans doute beaucoup d’auditeurs jouissent très vivement de la musique à travers les illustrations