de l’auditeur, que l’opposition de nature qu’il
établit entre ces impressions et émotions et celles
qui s’attachent à la beauté poétique ou plastique
est conforme à l’expérience de tous ceux qui sentent
finement l’art. Il en résulterait rigoureusement
que la musique est exceptée des lois générales
de l’esthétique, qu’il y a une esthétique spécifique
de l’art musical radicalement différente
de celle qui régit les autres arts. C’est à notre
sens une conception tout à fait erronée et sur
laquelle l’art musical ne peut se modeler qu’au
prix de sa propre dissolution.
3. — En ce qui concerne cette assertion que la musique, en s’ajoutant à l’impression éprouvée d’une scène ou d’un récit pathétiques, de la peinture poétique d’un sentiment, d’une évocation pittoresque, l’amplifie, la rend plus profonde et plus intense, il est certain que les drames de Wagner, sans la musique de Wagner, n’auraient qu’une action bien faible. Mais d’où vient que, de l’aveu unanime des artistes, les chefs-d’œuvre dramatiques de Racine, de Shakespeare, de