dre conscience de ce qui est l’œuvre elle-même ; des
musiciens d’orchestre de théâtre, qui auparavant s’ennuyaient ;
des compositeurs qui pratiquaient les procédés
matériels pour enivrer ou fasciner l’auditeur et
qui apprirent à manier les effets de couleur de l’orchestre
wagnérien ; toutes les sortes de mécontents,
lesquels à chaque bouleversement espéraient avoir
quelque chose à gagner ; des hommes qui s’enthousiasment
pour chaque soi-disant « progrès » ; ceux-là
que la musique antérieure à Wagner ennuyait et
qui trouvaient maintenant leurs nerfs plus fortement
remués ; ceux encore qui s’emballent pour tout ce qui
est téméraire et audacieux. — Il avait pour lui tantôt
les virtuoses, tantôt une partie des compositeurs ;
— ou les uns ou les autres se passeraient difficilement
de lui. Il avait encore des littérateurs qu’agitent toutes
sortes d’obscurs besoins de réforme ; des artistes qui
admirent la vie indépendante[1].
Il écrivait encore ceci :
On doit bien songer quelle sorte d’époque se crée ici un art : une époque en dissolution, hors d’haleine, sans piété, cupide, sans forme, mal assurée sur ses fondements, presque désespérée, sans naïveté, entièrement consciente, sans noblesse, violente, lâche[2].