Ils n’ont jamais convenu à Nietzsche. Et je ne
sais même comment accorder la conception
morale dont ce portrait s’inspire avec l’« immoralisme »,
que Nietzsche se louait d’avoir professé
dès le début et qu’il montre déjà présent
dans l’inspiration de son ouvrage de jeunesse :
la Naissance de la tragédie. Le développement
intellectuel et esthétique qui a porté
un grand artiste au sommet de sa puissance
créatrice et à toute l’ampleur de sa manière y
apparaît identifié à l’amélioration morale ou à
la conversion mystique d’un homme possédé par
des instincts diaboliques.
Avec l’apparition de sa puberté intellectuelle et morale commence aussi le drame de sa vie. Et comme le spectacle en est alors changé ! Sa nature paraît simplifiée d’une manière effrayante, déchirée en deux instincts ou sphères. Tout au fond bouillonne, fougueux torrent, une volonté violente, qui veut, pour ainsi dire, percer jusqu’à la lumière par tous les chemins, tous les ravins, toutes les gorges et aspire à la puissance. Seule une force complètement pure et libre était capable de montrer à cette volonté la voie qui mène à ce qui est bon et bienfaisant. Combinés