supérieure à celle de tous les autres arts et proprement
divinisée, il la définit un art de décadence.
Cette régénératrice de la civilisation
devint comme un déchet voluptueux des civilisations
moribondes. Il avait commencé par en
rapporter l’inspiration au sentiment métaphysique
de la Vie universelle ou plutôt de son infini
Principe immanent. Il enseigna qu’elle s’alimente
dans une rêverie nostalgique languissamment
adressée à ce qui n’est plus et ne peut plus être.
Sous cette perspective nouvelle, l’œuvre de
Beethoven elle-même revêtit à ses yeux une
couleur défaillante, presque morbide ; il fit de
lui le pleureur des funérailles de la vieille
Europe. Reprenant à son compte la prétention
traditionnelle des Allemands à former une race
primitive, un peuple « originaire », il avait au
début expliqué par ce caractère, non plus précisément,
comme Fichte, leur aptitude à la métaphysique,
science du Commencement absolu,
mais leur faculté de création musicale. Voici
que cette supériorité s’expliquait par les
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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE