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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


presque uniquement constitué d’inconscients rapports musicaux[1]. »

La ferveur de ses jeunes années pour Wagner est connue. Le présent travail fera voir que, même au moment où cette ferveur se montrait le plus ardente, les impressions directes que Nietzsche ressentait de la musique wagnérienne n’étaient pas, tant s’en faut, en parfaite concordance avec la haute signification historique et philosophique que ses théories et son imagination lui composaient.

Par là se trouvera élucidé, c’est-à-dire atténué, l’espèce de scandale que donna Nietzsche en accablant de ses sarcasmes les plus virulents et les mieux dirigés un art qu’il avait peu d’années auparavant pieusement célébré.

La véritable haine que Nietzsche en vint à concevoir pour l’art wagnérien se rattache d’ailleurs à une désillusion générale à l’égard de la musique. Après l’avoir placée dans une sphère

  1. La Naissance de la Tragédie, p. 148.