sage et rationnelle et ménagerl’accord nécessaire
du bonheur avec la vertu. Ces illusions, ajoute
Nietzsche, étaient nécessaires pour stimuler la
jeune humanité au labeur scientifique dont elles
lui promettaient un trop haut prix. Mais elles
coupèrent les ailes à l’enthousiasme esthétique
en réduisant la création d’art à un jeu frivole.
Du moment que le mystère divin de l’univers
pouvait être représenté par un système de concepts
clairs, l’inspiration de l’artiste n’en pouvait
plus passer pour la communication et l’expression.
En outre 1’« homme théorique », persuadé
que la science fournira des recettes pour
assurer le bonheur des destinées humaines individuelles
ou collectives, perd la grande bravoure,
l’amour du danger entretenus chez les anciens
Grecs par le sentiment de quelque chose d’absurde
et d’effrayant dans le rapport de l’humanité
avec l’univers. Le rationalisme optimiste
de Socrate, inspirateur d’Euripide, tua l’esprit
tragique des Grecs et l’on peut dire que ce
rationalisme a régné jusqu’à Kant sur l’esprit
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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE