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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


table fond. « Que l’on pense, écrit Nietzsche, à la réalité de la dissonance par opposition à l’idéalité de la consonnance[1]. » La musique n’ayant pas pour fin l’idéal, dégénérant, d’après Nietzsche, comme d’après Schopenhauer et Wagner, dès qu’elle se laisse prendre aux séductions de « la belle forme », la dissonance est bien le fond du discours musical et la consonnance n’est qu’un accident, un épisode fugitif, une halte agréable dans le cours de la dissonance[2].

L’opposition radicale entre cette conception et l’esthétique commune à Bach, Haendel, Mozart, Beethoven (esthétique dont Schumann et Chopin ont assoupli et raffiné infiniment les formes, mais sans les briser), cette opposition, disons-nous, est flagrante. Pour les classiques, la consonnance est l’élément dominateur et la dissonance lui est subordonnée. Les thèmes générateurs sur lesquels repose tout l’ensemble de

  1. T. IX, p. 190.
  2. Naissance de la tragédie, p. 169.