l’Allemagne. Je l’ai combattue de toute l’énergie de mon intelligence. Les personnes qui ont lu le Romantisme français, la Doctrine officielle de l’Université, le Germanisme et l’esprit humain, mes articles, ma réponse à l’Enquête de M. Morland sur l’influence allemande, publiée en 1903, peuvent témoigner que cette lutte a été un des objets les plus suivis de mon activité littéraire depuis vingt ans. Il se peut, qu’en fait, je n’aie, pour ma part, que bien médiocrement réussi à dissiper aux yeux de mes compatriotes le vieux mirage d’une Allemagne éprise de contemplation intellectuelle « désintéressée » et à les convaincre du pragmatisme sommaire qui, de Kant à Fichte, forme la commune inspiration des plus fameuses doctrines germaniques. Ce que je sais, c’est que je n’ai pas attendu août 1914 pour y découvrir ce caractère et que je parlais de ce que je savais, ayant passé jadis beaucoup de temps à approfondir ces grimoires, d’ailleurs animés d’une force qui, pour n’être qu’en partie celle de l’esprit, n’en est pas moins redoutable.
Mais justement, parce que j’ai là-dessus quelques études, je ne crois pas qu’il suffise d’accumuler sur la tête de ces philosophes les épithètes injurieuses et les invectives pour délivrer la pensée