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la source principale de la richesse sociale, la royauté absolue s’établit et la noblesse doit se résigner à n’être plus que l’ornement impuissant du trône.

Je vous ai montré, enfin, en troisième lieu que le développement du commerce et de l’industrie progressant toujours, devenus gigantesque, et l’accroissement de la population, lié d’ailleurs à ce progrès, se faisant toujours plus considérable, il arrive un moment où, même par le moyen de l’armée permanente, la royauté ne peut plus participer en une proportion égale à ce progrès de la puissance bourgeoise : la bourgeoisie alors, sentant qu’elle possède réellement la puissance sociale, demande à l’employer et à la diriger à son gré. Je vous ai montré que, par suite, dans une société où les rapports des pouvoirs se sont peu à peu modifiés à ce point, le 18 mars 1848 devait fatalement survenir.

Mais, Messieurs, dans cette même conférence, je vous ai fait voir également que, si prépondérante que fut cependant la puissance sociale de la bourgeoisie, si puissante que fut l’explosion victorieuse du 18 mars 1848, la lutte n’était pas, ne pouvait être terminée. Je vous ai fait voir en effet que la supériorité de forces possédée par la bourgeoisie, quelque grande qu’elle puisse être, est inorganisée, tandis que la puissance mise au service du gouvernement, si petite qu’elle soit en proportion, est organisée, est disciplinée et tous les jours prête à recommencer la lutte. Pour cette raison, si la bourgeoisie ne profite pas rapidement, aussitôt, de sa victoire pour mettre la main sur la puissance organisée, l’absolutisme trouve nécessairement le moment favorable de reprendre la lutte avec succès et de refréner