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un profit indirect, non à titre de producteurs, mais de consommateurs Cet avantage ne vous touche pas dans votre activité productive ; il n’atteint pas la quote-part qui vous revient dans le produit du travail ; il n’intéresse que votre situation de consommateur ; d’ailleurs, il améliore de même la position du patron à ce point de vue ; il profite de même et à un degré supérieur à tous ceux qui ne prennent aucune part au travail.

Ce gain qui ne vous touche que comme homme, non comme travailleur s’évanouit par l’effet de cette loi d’airain qui, à la longue, mesure toujours le salaire à la consommation nécessaire pour subsister.

Mais il peut arriver aussi qu’un semblable accroissement de la productivité du travail, que l’extrême modicité des prix qu’elle amène se produise subitement. Elle peut tomber dans une période où, pendant longtemps, la demande des bras augmente. Les produits deviennent alors d’un bon marché hors de toute proportion et l’on en consomme alors la quantité habituellement nécessaire à la subsistance dans une nation donnée.

Salarié et salaire gravitent donc toujours autour de cette limite constituée par les nécessités de l’existence à une époque donnée, s’élevant tantôt au-dessus, tantôt tombant au-dessous, mais le phénomène reste toujours identique.

Grâce au concours des circonstances que nous avons énumérées, cette limite extrême peut se modifier à différentes époques. Si l’on compare diverses périodes, on trouvera peut-être que le sort de l’ouvrier s’est un peu amélioré dans ce dernier siècle ou dans cette dernière génération. Le minimum des besoins communément