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reconnaître. L’unanimité des hommes de science est acquise sur ce point.

Si celui qui vient vous parler du sort de l’ouvrier reconnait cette loi, posez lui encore une question :

Comment prétendez-vous l’abolir ?

S’il ne sait que répondre, tournez lui simplement le dos. C’est un beau parleur qui veut vous tromper ou se tromper lui-même ou encore vous éblouir par de vaines phrases.

Examinons d’un peu plus près les effets et la nature de cette loi. En d’autres termes, la voici :

On retranche du produit du travail (de la production) et on répartit entre les travailleurs ce qui est nécessaire pour entretenir leur existence (c’est le salaire).

Tout le surplus de la production, — du produit du travail — forme la part du patron.

Cette loi d’airain, cette loi cruelle a donc cette conséquence : vous êtes privés — et c’est pourquoi dans la brochure à laquelle vous faites allusion dans votre lettre[1] je vous appelle la classe des déshérités — vous êtes nécessairement frustrés des bénéfices de la productivité accrue au cours du progrès de la civilisation, de l’augmentation du produit du travail, de l’augmentation du rapport de votre propre travail. À vous, on accorde la subsistance, au patron revient tout ce que le travail produit en surplus.

Mais à la suite de l’accroissement considérable de la productivité, beaucoup d’articles industriels tombent à un extrême bon marché. Il peut donc arriver que, profitant de cette modicité du prix, vous veniez à réaliser

  1. Le Programme ouvrier.