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ouvrière proprement dite, employée par la fabrique et la grande exploitation. L’Angleterre et la France qui nous précèdent dans le mouvement économique nous le montrent à un plus haut degré encore que l’Allemagne, qui, d’ailleurs, fait chaque jour de puissants progrès dans cette voie. Votre propre expérience vous prouve suffisamment l’existence de ce phénomène.

Il s’ensuit donc que, même si les associations préconisées par Schulze (de Delitzsch), sociétés de crédit, d’avances et de matières premières, pouvaient porter assistance aux artisans, elles ne profiteraient qu’à un nombre de plus en plus mesquin, de plus en plus insignifiant. Elles aideraient uniquement les citoyens que le progrès de notre civilisation rejette dans la classe ouvrière proprement dite qui, ne cessant de s’accroître, ne peut utiliser leur secours. Ce n’est là, à la vérité, qu’une première conséquence. La seconde qui lui est étroitement liée et présente plus d’importance encore est la suivante : Vis-à-vis de la concurrence avec la grande production qui se substitue chaque jour davantage à la petite industrie, les artisans qui persistent à exercer cette dernière ne peuvent nullement espérer quelque service de la part des associations de crédit et de matières premières. Je veux vous en donner pour preuve l’aveu du professeur Huber : « Malheureusement, dit-il après avoir célébré comme moi les associations de crédit et de matières premières, malheureusement il n’y a pas de raison suffisante de supposer que, grâce à elles, la petite industrie pourra supporter la concurrence de la grand exploitation. »

Mais les raisons profondes et faciles à exposer de