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Un tel parti montre en un mot que sous un autre nom il ressuscite le parti de Gotha, de si triste mémoire.

Telles sont les observations que je puis ajouter aujourd’hui.

Mais, maintenant comme alors, je puis vous dire qu’un parti qui par son dogme de « l’hégémonie prussienne » s’efforce de voir dans le gouvernement prussien le Messie de la renaissance allemande, alors qu’y compris la Hesse même il n’est pas d’État allemand qui, au point de vue politique soit en retard sur la Prusse, alors qu’y compris l’Autriche même il n’est pas un seul État allemand qui ne dépasse la Prusse de beaucoup — je puis vous dire que, par cela même, ce parti renonce à toute prétention de représenter la classe ouvrière allemande. Par cela même, ce parti montre, en effet, un tel endurcissement, manifeste de telles illusions, une telle présomption, une telle incapacité, il se grise si bien de l’ivresse de ses phrases, que l’on doit écarter tout espoir d’attendre de lui le moindre progrès réel de la liberté du peuple allemand.

L’attitude que la classe ouvrière doit adopter au point de vue politique, la conduite qu’elle doit observer vis-à-vis du parti progressiste découlent précisément de ce que nous venons d’exposer.

La classe ouvrière doit se constituer en parti politique indépendant. Elle doit faire du suffrage universel et direct son principal drapeau, son signe de ralliement. Représentation de la classe ouvrière dans les corps législatifs de l’Allemagne, voilà la seule mesure qui, au point de vue politique, puisse satisfaire ses légitimes intérêts. Entreprendre une agitation pacifique et légale, mettre en usage tous les moyens légitimes, tel est, tel