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la plus courte possible, ce qui d’ailleurs est conforme à votre propre but.

Quand, en octobre, l’an dernier, époque à laquelle j’étais précisément absent, vous délibériez pour la première fois à Berlin sur le congrès ouvrier allemand, — j’ai suivi vos débats avec soin dans les publications de la presse : deux courants opposés se faisaient jour dans l’assemblée.

Les uns allaient jusqu’à prétendre qu’il n’y avait pas à se préoccuper du mouvement politique, qu’il était sans intérêt pour vous.

Suivant d’autres, au contraire, vous deviez vous considérer comme un prolongement du parti progressiste prussien et lui abandonner avec désintéressement le premier rôle.

Si j’avais assisté à votre réunion, je me serais élevé également contre ces deux avis.

Croire que l’ouvrier n’a pas à se préoccuper du mouvement et de l’évolution politiques, c’est le fait d’un esprit absolument étroit.

Tout au contraire, l’ouvrier ne peut attendre que de la liberté politique la satisfaction de ses intérêts légitimes.

Le droit de vous réunir, de discuter vos intérêts, de former des associations et des groupes affiliés pour vous défendre est subordonné à la situation politique, à l’état de la législation politique. Il est donc inutile d’insister davantage pour réfuter une opinion aussi étroite.

Mais on vous demandait aussi de vous considérer, au point de vue politique, comme une dépendance du parti progressiste. Cette prétention contraire n’était pas moins fausse, pas moins sujette à vous induire en erreur.