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avantages de la division du travail au point de vue du perfectionnement de la masse des produits ; il cita l’exemple de l’épingle[1], c’est-à-dire qu’il conçut avec une intelligence concrète digne de lui la précision spécifique que le travail a dans sa forme actuelle, il montra comment dans le même atelier la fabrication d’une aussi petite chose que l’épingle est divisée en dix-huit branches différentes de travail, qui ont ordinairement chacune leurs travailleurs particuliers, de sorte que chacun ne fabrique que la dix-huitième partie d’une épingle. Il montra que le produit total de leur activité réunie l’emporte infiniment sur le produit du même nombre de travailleurs, si chacun faisait des épingles entières à part. Par cet exemple, il décrivit le travail d’aujourd’hui dans la précision distinctive spécifique qu’il a réellement. Il ne le décrit pas comme un échange de produits particuliers que des entrepreneurs particuliers autonomes, vis-à-vis les

    ce qu’il fait ressortir, en même temps, les suites défavorables du développement de la division du travail pour les facultés intellectuelles, ce qui, du reste, non plus, n’était pas inconnu à Smith. De nos jours, après ce que Lemontey et d’autres, et même J. B. Say, en ont dit, et ce que les abrégés allemands ont affirmé, elles sont assez connues, et ce n’est que dans l’abréviation du temps de travail, et dans une tout autre forme d’enseignement, que l’avenir pourra trouver un antidote efficace contre le dépérissement intellectuel que produit le développement de la division du travail. Il y a à constater ici le fait intéressant que M. Schulze, à l’opposé de tout ce qui a été reconnu, attribue au progrès produit par la division du travail dans l’industrie, l’effet de ce que le métier (œuvre manuelle) devient toujours de plus en plus œuvre d’esprit (Catéchisme, p. 38) !  ! En restant sur le fait cité par Smith, un travailleur, qui faisait avant le tout, et ne fait à présent, toute sa vie, que la 18e partie d’une épingle. Dans cette occupation naturellement dégradante pour ses facultés intellectuelles M. Schulze voit une transition du métier à l’état d’œuvre d’esprit !  !

  1. Adam Smith, lib. I, c. i (p. 13, éd. Garn.).