Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais est-elle réellement juste, relativement à tous les hommes d’aujourd’hui ? ou relativement à la grande majorité ? ou à la moitié ? ou seulement au tiers ? ou au quart ?

Voulez-vous que je vous réponde par des données statistiques sur la situation du prolétariat en Angleterre, un pays où la liberté industrielle et la liberté de domicile régnent dans une extension absolue, et que (p. 70 de votre Catéchisme), dans votre colossale ignorance de toutes choses, vous vantez, soit précisément à l’égard de la situation de ses travailleurs, soit par l’exemple des Flandres qui jouissent également de tous les avantages de la liberté industrielle et de la liberté de domicile, et où, grâce à ces libertés, dès 1847, sur une population de moins d’un million et demi, on comptait 225,894 vagabonds, au-dessous de dix-huit ans, et dans les Flandres orientales, sur 100 habitants, 36 receveurs d’aumônes[1] !

Mais restons en Allemagne !

Lisez sur la situation de la population rurale les indications puisées dans les recherches officielles du collège royal d’économie rurale et dans l’œuvre du professeur Lengerke publiée là-dessus, en 1849, par ordre du gouvernement, et rassemblées dans mon écrit : Les impots indirects et la situation de la classe ouvrière (p. 67-74.) Vous y trouverez, à chaque page, des aveux officiels et des indications spéciales, — malgré la tendance très naturelle du document officiel à embellir la chose autant que possible. — Vous verrez, dis-je, que, quand même les prix des aliments sont modiques, ces gens manquent constamment de nourriture.

  1. Voir Ducpétiaux sur le paupérisme dans les Flandres. Bruxelles, 1850.