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pour moi. Cela ne mènera à rien ; je dois manger, boire, dormir, respirer moi-même, etc. Si j’en ressens le besoin, un autre ne saurait le satisfaire pour moi. Sachons-le bien : une fois pour toutes, il est de toute impossibilité que quelqu’un reporte sur un autre ses besoins, et que la satisfaction d’un besoin ressenti par quelqu’un puisse s’accomplir dans un autre que lui-même. Les deux procédés coïncident immédiatement et nécessairement dans une seule et même personne.

« Mais il en est tout autrement du chaînon de jonction en ce qui touche l’effort qui sert à aider le besoin dans sa satisfaction. Il peut provenir d’un autre individu que celui qui ressent le besoin et pourtant en faciliter la satisfaction. Les produits du travail humain sont transmissibles, dit la loi populaire économique, intervenant à ce propos. Nous ne pouvons ni boire ni manger les uns pour les autres, mais nous pouvons travailler les uns pour les autres, nous pouvons nous rendre réciproquement des services et pourvoir à nos besoins d’existence, — c’est la grande et sage organisation de la nature qui rend possibles en général la société et les rapports sociaux entre les hommes. »

A-t-on jamais rien entendu de pareil ? Nos travailleurs sont-ils des nègres, monsieur Schulze ? Vous parlez aux gens tout le long d’une page de ce que chacun doit manger et boire lui-même, s’il veut apaiser sa faim, etc., etc. Les travailleurs ne le savaient donc pas avant vous ? Et vous appelez ce babillage d’enfants conférence populaire aux travailleurs, monsieur Schulze ?

Vous expliquez dans une longue page aux travailleurs qu’ils ne peuvent pas reporter sur d’autres le boire et le manger, et tout cela, comme m’en fit la remarque un diseur de bons mots, pour prouver aux travailleurs qu’ils devaient reporter sur les bourgeois le boire et le manger.

Où dois-je prendre, monsieur Schulze, la patience